Le Tamil Nadu est un État situé au sud de l’Inde. En 2017, ses habitants se sont mobilisés pour défendre l’une de leurs traditions ancestrales, le jallikattu. Ce jeu, où les participants ont pour objectif de récupérer des pièces d’or attachées sur les cornes d’un taureau, fait polémique. Quelles sont les raisons de ce tollé ? Pourquoi le jallikattu donne lieu à un tel débat ?

Le jallikattu : un sport ancestral menacé

Avant de nous intéresser d’un peu plus près à la polémique qui secoue actuellement le Tamil Nadu, revenons sur l’histoire du jallikattu. Ce jeu, vieux de plus de 2500 ans, est un sport particulièrement populaire dans la culture tamoule. Il se déroule généralement le troisième jour des fêtes de Pongal, un évènement lui aussi ancestral visant à célébrer les vaches et les taureaux, animaux sacrés en Inde.

Étymologiquement, « jallikattu » signifie « pièces d’or attachées ». Les règles sont simples : les participants doivent récupérer ces fameuses pièces sur les cornes d’un taureau. Le premier qui parvient à s’en saisir, en domptant l’animal, sort victorieux du tournoi. D’autre part, le jallikattu permet de réaliser une sélection : le taureau s’étant montré le plus valeureux pourra perpétuer la race.

Toutefois, ce sport dangereux a déjà entraîné la mort de plusieurs joueurs. D’autre part, les associations défendant le bien-être animal s’insurgent devant le traitement réservé aux taureaux. La polémique autour de l’interdiction du jallikattu est née d’une décision de la Cour Suprême indienne, non respectée par le ministère de l’Environnement tamoul.

Le ministère de l’Environnement s’oppose à une décision de la Cour suprême

En effet, en 2011, la Cour Suprême avait statué sur l’interdiction du jallikattu dans l’État du Tamil Nadu. Le ministère de l’Environnement a toutefois déclaré l’année dernière que les festivités pouvaient se poursuivre, malgré cette décision.

Cette opposition a été très mal accueillie par la Cour Suprême d’une part, mais également par les associations de défense des animaux, notamment la PETA, une organisation célèbre implantée dans le monde entier. Le tribunal en charge de l’affaire a alors retenu une suspension du jeu traditionnel tamoul, décision encore une fois non respectée par l’État concerné.

La PETA fait des révélations concernant le sort des taureaux

Suite à la levée de l’interdiction du jallikattu, des enquêteurs de l’organisation de défense des droits des animaux ont mis en lumière des situations de maltraitance, outre celles occasionnées par l’abattage des bovidés. En effet, avant l’organisation du jallikattu, les taureaux seraient désorientés volontairement, leur queue tordue puis poinçonnée, afin de les affaiblir et d’offrir un meilleur divertissement au public.

Suite à cette annonce, de nombreuses personnalités indiennes et internationales ont soutenu la PETA et se sont affichées en faveur de l’interdiction du jeu tamoul, occasionnant des souffrances inutiles aussi bien pour les hommes que les animaux.

L’interdiction du jallikattu, une menace pour la culture tamoule ?

Le jallikattu revêt une importance particulière au Tamil Nadu. En effet, ce jeu fait partie intégrante de leur identité et de leurs traditions ancestrales. Rappelons que les origines du jallikattu remontent à plus de 2500 ans, un sport mentionné dans de très nombreux écrits anciens.

Aussi, son interdiction est interprétée par la population concernée comme un désir d’anéantir leur culture et identité. Pour signifier leur mécontentement, des dizaines de milliers d’habitants du Tamil Nadu se sont retrouvés sur la plage de Marina, dans la ville de Chennai. Les commerçants ont même fermé leur boutique, le temps d’une journée. Aussi, la population rejette massivement l’argument soulevé par la PETA, concernant les actes de cruauté perpétrés sur les taureaux. Celle-ci souhaite d’ailleurs que l’organisation ne puisse plus opérer sur le territoire tamoul.

Afin de préserver le jallikattu, les habitants du Tamil Nadu demandent à ce que les taureaux soient exclus de la loi sur la cruauté animale, afin de leur attribuer un statut spécifique, leur donnant le droit de faire perdurer la tradition. Les bovidés sont d’ailleurs utilisés en Inde dans l’armée et dans les domaines scientifiques. En 2018, le jallikattu est toujours célébré au Tamil Nadu. Cette année, les festivités ont eu lieu le 15 janvier.

Jallikattu et corrida, des pratiques pointées du doigt

L’interdiction du jallikattu n’est pas sans rappeler la polémique autour de la corrida en Occident. En effet, de plus en plus de manifestations ont lieu partout en Europe et dans le monde, pour mettre fin à cette pratique jugée cruelle par les défenseurs du bien-être animal. La plus récente date du 21 octobre à Rodilhan, une commune du Gard.

Alors que les militants anti-tauromachie évoquent des arguments similaires à ceux de la PETA, les défenseurs de cette pratique montent au créneau une raison identique à celle de la population tamoule : la préservation de leur identité culturelle. Précisons cependant que le jallikattu n’implique pas la mise à mort des taureaux, utilisés par la suite à des fins de reproduction, contrairement à la corrida.