L’annonce a surpris tout le monde. Facebook a acheté 10 % de participation dans une entreprise de télécom indienne totalement inconnue en dehors d’Asie. Une décision qui va à l’encontre des habitudes de l’entreprise américaine, mais qui s’explique par ses ambitions sur le marché asiatique et sur l’e-commerce en général.

S’implanter en Inde grâce au e-commerce

Selon les spécialistes de la question, Facebook s’intéresse à Jio pour sa plateforme JioMart. Cette plateforme de commerce en ligne a l’originalité de s’appuyer sur le tissu important de commerçants en Inde pour réaliser ses livraisons sur tout le territoire, même dans les lieux les plus reculés. Or, Facebook essaye justement de s’implanter en Inde depuis plusieurs années, notamment avec son application WhatsApp, mais sans réel succès.

En Inde, le e-commerce est en pleine croissance et Facebook développe une solution de paiement dématérialisé via WhatsApp. Une association avec JioMart lui permettrait d’imposer facilement son application à 1,3 milliard d’Indiens. Un marché juteux, car la classe moyenne grandit en Inde et les consommateurs ont de plus en plus facilement accès au micro crédit express. Une occasion en or que Facebook ne souhaite pas laisser à la concurrence.

La création d’une « super-app »

D’après le quotidien indien Economic Times, l’investissement de Facebook ne serait pas une simple participation pour forcer l’utilisation de ses services. Effectivement, toujours d’après le journal indien, Jio et l’entreprise américaine seraient en train de travailler sur une « super-app » qui aurait pour objectif de devenir absolument incontournable dans la vie de centaines de millions d’Indiens.

Cette application leur permettrait de communiquer, de partager du contenu, de s’appeler, de regarder des vidéos en ligne, d’écouter de la musique, de payer leurs achats, mais aussi de faire leurs courses en ligne et de commander des services comme la livraison de repas ou un coiffeur à domicile. Bref, Facebook poursuit son objectif principal : devenir le plus gros carrefour d’Internet.

Une relation parfois difficile avec le gouvernement

Entre Facebook et l’État indien, ce n’est pas vraiment une histoire d’amour, mais c’est une histoire qui dure. Le pays est important pour le réseau social puisque c’est là que l’on compte le plus grand nombre d’utilisateurs. De même, 20 % des personnes qui utilisent WhatsApp dans le monde sont indiennes.

Pourtant, en 2016, quand Facebook avait voulu lancer son initiative « Free basics » en Inde, l’entreprise avait accusé de « colonialisme numérique » et débouté par le gouvernement. L’idée était d’offrir un accès Internet gratuit et illimité à toute la population du pays avec un accès aux réseaux sociaux. La question du contrôle des données et de l’alimentation du réseau posait problème au gouvernement local qui n’était pas prêt à céder sa souveraineté à l’étranger.