Entre le mois de mai et de juillet chaque année, des centaines d’enfants originaires du nord de l’Inde trouvent la mort dans des conditions troublantes. Les chercheurs, après plus de dix ans de recherche, sont enfin parvenus en 2017 à trouver la cause de cette épidémie. Le responsable : les litchis. Comment un fruit si délicieux et inoffensif peut être à l’origine d’une telle catastrophe sanitaire ? Voici nos explications.

L’encéphalopathie hypoglycémique cause la mort d’une centaine d’enfants dans le nord de L’inde

Cela faisait 20 ans que la ville de Muzaffarpur, au nord de l’Inde, connaissant tous les ans une vague de décès infantiles. En effet, entre le mois de mai et de juillet, une épidémie soudaine d’encéphalopathie hypoglycémique faisait rage chez les plus jeunes. Manque d’appétit, fièvre, convulsions, perte de conscience, tels étaient les symptômes que présentaient les enfants hospitalisés d’urgence.

Malheureusement, chaque année, plus de 40% d’entre eux trouvaient la mort, dans des circonstances que les chercheurs ont pu éclaircir l’année passée. L’encéphalopathie hypoglycémique est une inflammation du cerveau, un organe qui a besoin d’un certain taux de glucose pour fonctionner correctement. Or, comme son nom l’indique, ce type d’encéphalopathie fait diminuer drastiquement la glycémie, c’est-à-dire le taux de glucose dans le sang.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’hécatombe prenait fin seulement quelques semaines après le début de l’épidémie. Une enquête menée conjointement par le Centre national indien de lutte contre la maladie et le Bureau indien des centres pour le contrôle et la prévention de la maladie d’Atlanta, aux USA, a permis de faire la lumière sur le responsable de ce phénomène : le litchi.

Les litchis, responsables de cette épidémie

Le nord de l’Inde est une région fortement touchée par la pollution, la malnutrition, mais aussi par les pesticides. La présence de rats et d’autres mammifères porteurs de maladies occasionne également des infections virales et bactériennes. Toutes ces pistes ont été exploitées par les chercheurs, afin de déterminer la cause des encéphalopathies hypoglycémiques, sans succès.

Mais la région de Muzaffarpur est également le deuxième exportateur de litchis au monde, un aliment proche de l’akée, un fruit à l’origine des vomissements de la Jamaïque, dont les symptômes sont similaires à ceux de l’encéphalopathie. Aussi, les scientifiques se sont penchés d’un peu plus près sur ce fruit et sa consommation. La découverte qui est alors faite ne laisse pas la place au doute : tous les enfants hospitalisés et décédés à la suite d’une encéphalopathie avaient mangé ce fruit.

Les graines de litchis sont riches en hypoglycines et méthylène cyclopropyl-glycine, substances qui ont également été retrouvées dans les urines des petits patients. Celles-ci possèdent un impact important sur la synthèse du glucose, engendrant ainsi un taux de sucre dans le sang bien inférieur à la normale, ainsi qu’une dégradation des fonctions cérébrales. La glycémie des enfants touchés par la maladie était alors basse. La consommation de litchi a donc entraîné une hypoglycémie aiguë, ainsi qu’une encéphalopathie, puis la mort.

Des mesures sanitaires ont été prises

Suite à cette découverte, les chercheurs et scientifiques, ainsi que le gouvernement indien n’ont pas pris la peine d’attendre la publication de leur étude pour effectuer une campagne préventive.

En 2015, les familles de la région de Muzaffarpur étaient vivement encouragées à proposer un repas le soir à leurs enfants, afin de maintenir un taux de glycémie normal. La consommation de litchis devait également être limitée. Grâce à ces mesures de prévention, le nombre d’enfants touchés par l’encéphalopathie l’année suivante a chuté de 50%. Toutefois, il est nécessaire de nuancer.

En effet, les litchis ne sont pas les seuls responsables de l’épidémie. Pour preuve, tous les enfants ayant consommé ce fruit n’ont pas été victime de la maladie. D’autres causes peuvent également être envisagées par les chercheurs, notamment la génétique. La mutation de certaines gênes pourrait effectivement favoriser l’apparition de l’encéphalopathie.

Les recherches sont toujours en cours, afin d’identifier avec précision les différents facteurs de risque. Pour l’heure, les mesures de prévention doivent encore être appliqués dans la région du nord de l’Inde, afin d’éviter d’autres vagues de décès.

D’autres fruits peuvent également vous empoisonner

Si le litchi, un fruit pourtant savoureux et très apprécié aussi bien en orient qu’en occident est capable de causer la mort, ce n’est malheureusement pas le seul. Prenons l’exemple du manioc : cette racine, consommée massivement en Afrique contient de la linamarine. Ce composé chimique capable de libérer du cyanure peut provoquer la mort en seulement quelques heures. Le manioc doit donc être cuit ou réduit à l’état de farine avant d’être consommé.

Le noyau d’abricot possède des effets similaires. L’amygdaline qu’il contient peut elle aussi se transformer en cyanure. La pomme de terre, lorsqu’elle est consommée crue, peut entraîner des vomissements, des troubles de la digestion et des vertiges. En cause, la solanine, une substance nocive pour l’organisme.