D’après de nombreux observateurs, l’Inde pourrait tout à fait devenir la capitale mondiale des activités de R&D externalisées. En effet, ce pays en développement a énormément à offrir aux multinationales étrangères portées sur l’informatique, l’industrie pharmaceutique ou encore les nanotechnologies. Comment expliquer cet attrait pour ce pays d’Asie du Sud et comment suscite-t-il un tel intérêt ?

Comment l’Inde tire-t-elle son épingle du jeu ?

Si l’Inde a su séduire les entreprises étrangères en quête d’un centre R&D externalisé, c’est tout d’abord en raison de son ouverture à la mondialisation. En effet, le pays n’hésite pas à faire du pied aux multinationales, en axant sa spécialisation sur des domaines porteurs et innovants, des niches technologiques qui sont aujourd’hui sa spécialité.

Aussi, on retrouve sur le territoire indien plusieurs milliers de docteurs, d’ingénieurs, scientifiques et autres marketeurs, des chercheurs de très haut niveau qui suscitent l’intérêt des entreprises étrangères.

Cette particularité, l’Inde ne la partage pas avec la Chine, son concurrent direct en Asie. Aussi, elle parvient à préserver son statut privilégié et à attirer de plus en plus de multinationales sur son sol.

Des programmes de financement pour stimuler l’innovation

Soucieuse de préserver son statut de pays innovant, l’Inde a mis en place plusieurs programmes de financement et de promotion, notamment le Technopreneur Promotion Program. Grâce à lui, particuliers et petites entreprises ont la possibilité de contribuer au développement d’un prototype novateur, mais également de financer sa commercialisation. D’autre part, les étudiants-chercheurs disposent aujourd’hui de moyens financiers pendant une durée de 2 ans, leur permettant ainsi d’aller au bout de leurs recherches et de mener à bien un projet.

L’objectif est d’aider les étudiants à poursuivre leur carrière de chercheur, une démarche faisant suite aux nombreux reproches émis par des spécialistes du domaine. Ceux-ci ont effectivement pointé du doigt les capacités d’imitation et non d’innovation des chercheurs et scientifiques indiens.

Toutefois, l’Inde possède aux yeux des entreprises multinationales un potentiel attractif, les incitant à y implanter leur centre R&D. Pouvoir profiter d’une large gamme de compétences pour un coût bien plus avantageux qu’en Europe ou aux États-Unis, voilà qui a de quoi séduire. Cette tendance se confirme d’ailleurs, avec l’implantation récente de Total et Intel.

Quelques exemples d’implantation de centres R&D

En 2018, le groupe pétrolier Total a pour projet de créer en Inde son tout premier centre de recherche et de développement en collaboration avec TCS, axé sur l’analyse de données en temps réel et l’intelligence artificielle, entre autres.

Ce partenariat avec l’Inde n’est pas récent, puisque la multinationale y est installée depuis plus de 25 ans. L’objectif du groupe français à terme est d’optimiser et d’améliorer le fonctionnement des raffineries et de les rendre plus compétitives. Ce centre R&D sera installé à Pune, au sein de l’entreprise TCS. Celle-ci fera profiter Total de son réseau et de ses effectifs.

L’année dernière, en 2017, c’est Intel qui décide d’investir sur le sol indien, au profit de son activité de recherche et développement en France. Plus de 178 millions de dollars ont été versés sur le campus de Bangalore, le nouveau centre de R&D, où le géant des semiconducteurs a choisi de s’implanter. Là encore, il ne s’agit pas d’une collaboration nouvelle, puisque Intel est présent en Inde depuis 1999 et en a fait son deuxième plus grand pôle de R&D.

L’investissement aura pour but de développer les compétences du groupe en termes d’intelligence artificielle, de réalité augmentée mais également de smartphones 5G. Intel prévoir également de concevoir, en partenariat avec les chercheurs indiens, de nouveaux système sur puces.